Lombalgie : comprendre les recommandations officielles pour un meilleur traitement
- Jade Van Der Vekens
- 25 août
- 4 min de lecture
Qu’est-ce que la lombalgie ?
La lombalgie est une douleur localisée dans le bas du dos. On distingue trois formes principales :
Lombalgie aiguë : douleur de moins de 6 semaines, souvent liée à un faux mouvement ou une surcharge.
Lombalgie subaiguë : entre 6 et 12 semaines.
Lombalgie chronique : persiste plus de 3 mois.
La plupart des lombalgies sont dites “non spécifiques”, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas dues à une cause médicale grave identifiable (comme une fracture ou une tumeur). Elles représentent la majorité des cas.
Pourquoi la lombalgie est un problème de santé publique ?
En 2023, 568 millions de personnes dans le monde souffraient de lombalgie. En Europe, 60 à 70 % de la population connaîtra au moins un épisode de mal de dos dans sa vie.
L’impact est double :
Humain : douleurs chroniques, perte de mobilité, baisse de qualité de vie.
Économique : coûts comparables au diabète ou aux maladies cardiovasculaires, notamment à cause de l’absentéisme et de la perte de productivité.
Les recommandations officielles en Belgique (KCE)
Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a publié en 2017 des recommandations pour uniformiser et améliorer la prise en charge des lombalgies.
Principes de base
Ne pas se focaliser uniquement sur la douleur, mais sur le retour aux activités et aux capacités fonctionnelles.
Privilégier une approche biopsychosociale (prise en compte du corps, du mental et du contexte de vie).
1. Auto-gestion et information du patient
Rassurer : la lombalgie est souvent bénigne.
Encourager à rester actif et à maintenir les activités quotidiennes.
Expliquer que le repos prolongé peut aggraver la douleur.
2. Activité physique et exercices
Recommandation clé : pratiquer une activité physique régulière.
Exercices supervisés efficaces (renforcement musculaire, mobilité, programmes personnalisés).
Exercices à distance (applications, télérééducation) peuvent aussi être utiles.
3. Techniques complémentaires
Manipulations, mobilisations, techniques myofasciales : utiles surtout dans les cas chroniques, mais leur efficacité varie.
Approche multidisciplinaire possible en cas de douleurs persistantes (physiothérapie + approche cognitive/comportementale).
4. Traitements pharmacologiques
AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) : en première intention, à faible dose et pour une courte durée.
Paracétamol : seulement pour douleurs légères.
Opioïdes : uniquement en dernier recours, sur très courte durée.
Antidépresseurs/antiépileptiques : uniquement dans certains cas chroniques (douleurs neuropathiques).
5. Interventions invasives
Chirurgie et infiltrations : réservées aux cas graves ou en échec de traitements conservateurs.
Leur efficacité reste limitée et elles comportent des risques.

Pourquoi ces recommandations sont-elles parfois mal appliquées ?
Malgré leur clarté, les recommandations ne sont pas toujours suivies. Les raisons incluent :
Les praticiens : manque de formation continue, croyances biomédicales, contraintes de temps.
Les patients : attentes fortes (ex : demande de radios, médicaments).
Le système de santé : remboursement plus facile pour certains traitements (ex : médicaments plutôt qu’éducation ou exercice).
FAQ – Questions fréquentes sur la lombalgie
Quelle est la différence entre lombalgie aiguë et chronique ?
La lombalgie aiguë dure moins de 6 semaines et disparaît souvent spontanément. La lombalgie chronique persiste au-delà de 3 mois et nécessite une prise en charge plus globale (exercices, hygiène de vie, parfois médicaments).
Pourquoi éviter les radios ou IRM en première intention ?
Dans plus de 90 % des cas, la lombalgie est non spécifique et ne montre aucune anomalie grave à l’imagerie. Prescrire trop tôt une radio ou une IRM entraîne des surdiagnostics et n’améliore pas le traitement. L’imagerie n’est utile qu’en cas de “drapeaux rouges” (signes d’alerte : perte de force, suspicion de fracture, infection, etc.).
Quels sont les traitements vraiment efficaces contre la lombalgie ?
Les preuves scientifiques montrent que :
Bouger et rester actif est le traitement le plus efficace.
Les exercices supervisés améliorent les capacités fonctionnelles.
Les médicaments ne doivent être utilisés qu’en cas de douleurs persistantes et à faible dose.
Les techniques manuelles peuvent aider, surtout si intégrées dans un programme global.
Bibliographie
KCE. (2017). Lombalgie et douleur radiculaire : éléments-clés d’un itinéraire de soins. KCE Report 295Bs. Bruxelles : Centre fédéral d’expertise des soins de santé.
NICE. (2016). Low back pain and sciatica in over 16s: assessment and management. National Institute for Health and Care Excellence. lien officiel NICE
Lin, I., Wiles, L., Waller, R., et al. (2020). What does best practice care for musculoskeletal pain look like? British Journal of Sports Medicine, 54(2), 79–86.
Foster, N. E., Anema, J. R., Cherkin, D., et al. (2018). Prevention and treatment of low back pain: evidence, challenges, and promising directions. The Lancet, 391(10137), 2368–2383.
Knezevic, N. N., Candido, K. D., Vlaeyen, J. W. S., Van Zundert, J., & Cohen, S. P. (2021). Low back pain. The Lancet, 398(10294), 78–92.
Cashin, A. G., Wand, B. M., O’Connell, N. E., et al. (2023). Pharmacological treatments for low back pain in adults: an overview of Cochrane Reviews. Cochrane Database of Systematic Reviews, (4):CD013815.
Rubinstein, S. M., Terwee, C. B., Assendelft, W. J., de Boer, M. R., & van Tulder, M. W. (2012). Spinal manipulative therapy for acute low-back pain. Cochrane Database of Systematic Reviews, CD008880.
Coulter, I. D., Crawford, C., Hurwitz, E. L., et al. (2018). Manipulation and mobilization for treating chronic low back pain: a systematic review and meta-analysis. The Spine Journal, 18(5), 866–879.
Rainville, J., Carlson, N., Polatin, P., Gatchel, R. J., & Indahl, A. (2000). Exploration of physicians’ recommendations for activities in chronic low back pain. Spine, 25(17), 2210–2220.
Arnau, J. M., Vallano, A., Lopez, A., Pellisé, F., Delgado, M. J., & Prat, N. (2006). A critical review of guidelines for low back pain treatment. European Spine Journal, 15(5), 543–553.




Commentaires